Depuis bien des années, on prescrit des AINS et de la colchicine en première ligne pour le traitement de la goutte aiguë, en réservant la prednisolone aux cas qui présentent des contre-indications. Cependant, les AINS viennent avec leur lot d’effets indésirables chez nos patients plus malades, nécessitant souvent un IPP, parfois un suivi du potassium et de la fonction rénale… bref, j’hésite souvent à les prescrire à nos aînés ou patients avec multiples comorbidités. Est-ce que la prednisolone serait aussi efficace qu’un AINS dans le traitement de la goutte aiguë en première ligne?
Cette étude randomisée-contrôlée provenant de 4 départements d’urgence à Hong Kong a justement tenté de répondre à la question. 416 patients ont été répartis entre prednisolone 30 mg DIE x 5 jours versus Indométacine 50 mg TID x 2 jours et 25 mg TID x 3 jours, lorsqu’ils présentaient dans les trois jours suivant le début des symptômes.
Les conclusions sont intéressantes – les bénéfices quant au soulagement de la douleur étaient similaires dans les deux groupes. Les effets indésirables mineures étaient un peu plus fréquents dans le groupe sous AINS (19% versus 6%; P < 0.001), sans effet secondaire majeur. Les effets mineurs rapportés plus fréquemment avec l’Indométacine étaient les étourdissements, la somnolence et la nausée.
Les critiques de l’étude reposent surtout sur un diagnostic clinique « pragmatique » (non-confirmé par ponction articulaire pour tous les cas) et le recrutement de patients non-consécutifs (seulement approximativement 50% des patients éligibles inclus, recrutement de jour seulement). On pourrait parler aussi d’une notion de validité externe, puisque la population à l’étude était asiatique.
En bref, selon cette étude, la prednisolone serait un traitement de première ligne efficace pour la goutte, comparable à l’Indocid. Cela facilitera donc le choix du clinicien, selon les ATCD du patient. La posologie est de 30 mg DIE x 5 jours. À noter que les guides de pratique du American College of Rhumatology recommandent d’emblée les corticostéroïdes en surplus aux AINS et à la colchicine.
Bonne semaine et merci de votre intérêt !
Frédéric Picotte, MD
Timothy Hudson Rainer et al. Oral Prednisolone in the treatment of Acute Gout. Ann Intern Med. Publié en ligne 23 février 2016.
http://annals.org/article.aspx?articleid=2494539