Mal de tête nouveau chez patiente de 73 ans ? Quelle est la valeur des symptômes cliniques pour diagnostiquer une artérite temporale ?
J’essaie d’enseigner à mes résidents qu’il faut toujours penser à exclure l’artérite temporale chez tout patient de plus de 50 ans avec céphalée temporale localisée nouvelle, pour prévenir la complication sérieuse de la perte de vision. Je leur dis de toujours questionner chez ces patients la « claudication de la mâchoire » (ie une fatigue / un inconfort ou une douleur à la mastication) ainsi qu’une douleur au cuir chevelu, qui augmentent la probabilité du diagnostic. À l’examen physique, je leur demande de rechercher une sensibilité de l’artère temporale ou une diminution de la pulsation de cette dernière. Si la probabilité demeure faible, une prise de sang avec vitesse de sédimentation normale exclura alors le diagnostic. Le journal Annals of Emergency Medicine a publié cette semaine un texte sur l’artérite temporale, en incluant un tableau résumé des symptômes cliniques qui augmenteraient la probabilité du diagnostique. Je joins une photo dudit tableau. Je retiens d’abord que 50% des patients avec artérite temporale présenteront aussi une polymyalgia rheumatica : il est donc important de questionner ces patients à savoir s’ils ressentent aussi une raideur matinale et une douleur au niveau des articulations des épaules et des hanches. Je souligne aussi l’apparence de l’artère temporale qui aiderait à suspecter le diagnostic: une artère temporale augmentée de taille (plus grosse à l’inspection) ou d’apparence nodulaire augmentent chacune de 4 fois les chances d’une artérite temporale pour un patient donné. Par ailleurs, une vitesse de sédimentation normale (définit ici comme < 22 pour l’homme et < 29 pour la femme) diminue les chances du diagnostic par un facteur de 5 (valeur négative prédictive 0.2), avec une sensibilité de 84% dans une étude, ce qui en fait un test de dépistage moyen, lorsque la suspicion clinique est élevée. En ajoutant la CRP normale combinée à une VS normale, on obtient une sensibilité de 96%, ce qui est mieux, mais toujours imparfait. Comme c’est une maladie rare, avec une prévalence dans la population générale de 1% et qu’il n’y a donc pas de bons tests de dépistage, je pense que le tableau résumé de l’étude pourrait servir d’outil de référence, pour décider quel patient référer en ORL pour une biopsie de l’artère temporale, quand le diagnostic est sérieusement envisagé. Je vous invite donc à regarder le tableau et à vous convaincre qu’il ne s’agisse pas d’une artérite temporale pour chacune des céphalées temporales de novo chez vos patients de plus de 50 ans : vous pourriez sauver la vision du patient !