- Qui dit « troponine positive », dit « blessure » ou « atteinte » du myocarde (et pas nécessairement infarctus aigu) ; mais il n’y a pas de troponine sans feu !
- Les « atteintes myocardiques » ne sont pas toujours aigües. Lorsque confronté à une troponine élevée, tenter de distinguer les atteintes chroniques des aigües (exemples d’atteintes chroniques: insuffisance cardiaque, cardiomyopathies infiltratives ou hypertrophiques, toxicité médicamenteuse comme la chimio, anomalies structurelles cardiaques comme les valvulopathies, etc.)
- Les atteintes « aiguës » vont généralement causer un changement de troponines (delta) dans les 1-3 heures
- Le délai minimum recommandé entre deux troponines sériées varie selon la troponine utilisée par votre laboratoire. L’European Society for Cardiology (ESC) a suggéré des délais allant de 0 à 1 heure avec certaines troponines de haute sensibilité. L’organisme Federation of Clinical Chemistry recommande une deuxième valeur de troponine à 3 heures. Le American Heart Association (AHA) prône un contrôle entre 3-6 heures, selon le niveau de risque (envisager une troponine 6-9 heures post-début DRS pour les patients à risque modéré-élevé de SCA). Pour les patients à bas risque, une deuxième troponine à 3 heures est suffisante
- Lorsqu’il y a une « atteinte myocardique aigüe », tenter de déterminer si elle est liée à un infarctus ou à une autre cause d’origine cardiaque
a. toujours considérer l’embolie pulmonaire, un autre « tueur en série »!
b. envisager aussi péricardite (il s’agit d’un diagnostic clinique qui nécessite 2 de 4 critères bien définis… l’ECG « isolé » est insuffisant pour poser dx)
c. penser aussi à arythmie, post-cardioversion, post-ablation, post contusion cardiaque, post intox cocaïne, myocardite, tako subo) - Une troponine « aiguë » dans un contexte présumé d’infarctus ne signifie pas d’emblée une lésion coronarienne instable, mais peut être secondaire à une trop grande demande (SCA de type 2 comme en sepsis ou autres causes de choc, arythmie, embolie pulmonaire, urgence hypertensive, dysfonction rénale, AVC ou hémorragie cérébrale, hyperthyroïdie, brûlure et vasculite). Traiter alors la cause.
- Une troponine « positive » est pire qu’une troponine « normale », peu importe la cause
- Plus la troponine est « élevée », plus le risque est « élevé » (facteur prognostic bien décrit)
- Une troponine normale n’exclut pas l’angine instable, même s’il s’agit d’une troponine de haute sensibilité. Utiliser un algorithme pour stratifier vos patients selon le niveau de risque (scores tels le TIMI, l’EDACS-ADP ou le HEART score) et investiguer davantage vos patients à risque modéré ou élevé, même si la troponine est normale
- Avez-vous réellement considérer l’embolie pulmonaire chez le patient à risque avec une troponine qui revient « positive » ? Je sais, 😉 je me répète.
En espérant ces notions de base utiles,
Frédéric Picotte, MD
Adapté de Judd E. Hollander. Managing Troponin Testing. Ann Emerg Med. 2016. http://www.annemergmed.com/a…/S0196-0644(16)30203-7/abstract