Les cystites sont une cause fréquente de consultations à l’urgence chez la femme. Une petite étude randomisée contrôlée de 140 femmes pré-ménopausées publiée dans le JAMA vient de démontrer une avenue de traitement prophylactique intéressante, avec peu de risque d’effets indésirables: boire plus de 1.5 L d’eau par jour. Dans cette étude, les femmes d’âge moyen de 36 ans avec plus de 3 cystites dans la dernière année qui consommaient moins de 1.5 L d’eau par jour ont été randomisées de manière aléatoire à boire davantage (groupe eau, minimum 1.5 L eau par jour) ou au groupe standard.
Les femmes buvant plus de 1.5 L d’eau ont eu un taux de 1.7 infection dans l’année versus 3.2 infections pour le groupe standard. Les résultats ont aussi démontré un intervalle de 143 jours entre les infections dans le groupe eau, versus 84 jours dans l’autre groupe. Ce simple changement des habitudes de vie a donc permis de diminuer de moitié, sur un an, la prescription d’antibiotiques. Le taux de perte au suivi était faible, 93 % des femmes ayant complété l’étude.
Bref, si vous souffrez de cystites récidivantes, que vous êtes une femme pré-ménopausée et que vous consommez moins de 1.5 litre d’eau par jour, pourquoi ne pas mieux vous hydrater ? À moins de souffrir d’insuffisance cardiaque ou d’un siADH, je ne vois pas d’effet indésirables associés… sauf peut-être l’augmentation du nombre de visites aux toilettes… 2.4 de plus par jour en moyenne dans l’étude !
J’avais écrit un court texte sur « le traitement de l’infection urinaire 101 » l’an dernier… https://docsdurgence.com/2017/04/17/infection-urinaire-traitement-101/
On sait que la miction après une relation sexuelle, les vêtements serrés, « d’attraper de la fraîche » sont des mythes pour le risque de cystite. Les relations sexuelles sont en elles-mêmes un facteur de risque, certes. Jusqu’à présent, l’hydratation avec de l’eau n’avait pas présenté de données probantes convaincantes, et le jus de canneberge non plus… il faudra corroborer cette étude du JAMA dans une plus grande population, idéalement en incluant des femmes ménopausées. En attendant, pourquoi pas un grand verre d’eau ?
Frédéric Picotte, MD
Professeur adjoint de clinique
UdM
Urgence de Shawinigan
Éditeur TopMU
Référence :
https://jamanetwork.com/journals/jamainternalmedicine/fullarticle/2705079